Erreurs, malentendus et équivoques dans L’Éducation sentimentale
Abstract
L’article de Luca Pietromarchi se propose d’analyser l’insistante présence, dans L’Éducation sentimentale de 1869, des erreurs et des maladresses que commet son personnage principal, Frédéric Moreau, dont la vie se déroule comme un fil enchevêtré, là où la destinée des héros balzaciens, explicitement évoquée, trace une ligne droite. L’erreur, à un premier niveau, serait donc la traduction au plan de l’action d’une conception de l’existence où tout principe de nécessité a été substitué par un principe de casualité. L’impossibilité du héros de diriger ses actions d’après sa volonté, et donc de comprendre le sens de sa propre destinée, est surtout analysée au plan du langage, où la vertigineuse multiplication d’équivoques et de malentendus permet de déceler la présence d’une radicale remise en question de la fonction communicative, notamment dans les scènes consacrées aux conversations mondaines, où la parole, toujours mal entendue et mal comprise, se dissout en un bruissement qui restitue au réel son caractère indéchiffrable.