Entre flow & flou. L’art de bouger les lignes chez Alain Damasio

Résumé

Cet article propose d’étudier le mouvement dans le récit et la langue d’Alain Damasio, un concept efficace pour construire la fiction et empuissanter le réel. Le mouvement est le cœur-concept nécessaire à l’écriture et se décline en d’autres termes : le Dehors, le vent, ou encore la furtivité. Dans des sociétés de trace et de contrôle, le mouvement permet aussi d’échapper aux drones et aux caméras, il est reconquête des espaces urbains, synonyme de liberté et se double d’une acception politique : le mouvement, le chaos ou le dissensus prennent des connotations positives, le changement étant une condition nécessaire à la liberté et la démocratie, une volte plutôt qu’une révolte. Comme les furtifs, l’œuvre se métamorphose, s’hybride et réveille les forces vives par l’imaginaire. A la manière du vif, la langue de Damasio se survit en mutant, enrichie de néologismes et de glyphes. La phrase s’écoule, suit le flow, mimant le débordement, suit l’intensité de l’action. Typographie, ponctuation, signes diacritiques définissent les personnages et font danser les caractères sur la page. Typoésie, langue, syntaxe, thématiques et engagement politique filent la métaphore et illustrent la poétique mouvementée et vivifiante de cet auteur de science-fiction.